Le dimanche 22 mai, à 16 h, nous avons rencontré Antoine Rubin autour de son récit poétique Mémoire d’une forêt (Torticolis et Frères, 2020). Il nous en a fait une lecture sonore, accompagné par Jonathan Humair (synthétiseur, guitare et effets). La performance s’est déroulée dans le cadre du Marché de la microédition, à la Ferme des Tilleuls, Rue de Lausanne 52, à Renens.





Mémoire d’une forêt
En ville, on raconte une histoire. Il y aurait un type qui vivrait dans la forêt au-dessus de Bienne. Une sorte d’ermite farouche qui aurait fait scission avec le monde moderne et qui se serait retranché dans une cabane perdue dans les bois. De très rares fois, on pourrait l’apercevoir rôder dans les rues de la ville à la recherche d’on ne sait trop quoi. Le racontar fascine Elias. Il se demande si c’est seulement possible. Aujourd’hui, il ne reste plus que l’urbanisation croissante et les projets d’autoroutes qui vont percer les montagnes, bouffer ce qui reste de sauvage. Et pourtant, partir vivre dans les bois, quitter les humains loin de leurs affaires pathétiques, c’est une pensée qui traverse l’esprit d’Elias. La forêt comme dernier refuge face au désenchantement.
Mémoire d’une forêt s’inspire d’une recherche en anthropologie menée autour de personnes qui vivent dans les bois aujourd’hui en Suisse. Puisant dans ce matériau du réel et transformé en fiction, le récit développe une rencontre entre Elias, jeune squatteur au carrefour de sa vie, et Karhu, personnage mystérieux qui habite dans la forêt. Au fil de la lecture et des vagues sonores, les fragments choisis tissent un voyage hypnotique dont les étapes seraient en même temps ses points cardinaux : bivouac, caves de squat, confins.