Lundi 9 octobre 2023, 19 h

Usine de Pierre-de-Plan, Chemin Pierre-de-Plan 4, 1003 Lausanne

Il est recommandé de s’inscrire aux événements ! Les places peuvent être limitées.

Marie-Jeanne Urech nous a raconté K comme almanach (Hélice Hélas, 2022). Introduction : Greg Sutter (SIL). Animation : Lisbeth Koutchoumoff. Contrebasse : Sebastian Schick.

© Michal Florence Schorro

© Miguel Moura et Jessica Pantanella

Marie-Jeanne Urech aime flouter passé et futur pour mieux éclairer le présent. Elle fait partie de ces auteurs qui crée de toutes pièces des univers ouvrant l’imaginaire. Dystopie? Science-fiction? Réalisme magique? Ses fables puisent à ces différents genres pour inventer des paysages, des situations, un climat, un ton à nul autre pareil. Pour cela, la romancière fait aussi bouger la langue, déplaçant ou révélant un sens oublié, inventant des mots.

K comme Almanach ne fait pas exception. Comme Terre tremblante en 2018, le roman est traversé par les questions qui hantent ce début du XXIe siècle : le dérèglement climatique, la peur d’un monde devenu invivable, le fantasme de fuite vers un ailleurs devenu plus enviable. Nous découvrons Simon le lampiste, l’allumeur de lampadaires qui, lui, a décidé de rester sur cette planète asséchée jusqu’au bout alors que tous les habitants de sa ville partent, les uns après les autres. Chaque jour ou presque, une navette remplie de citadins décolle pour Belgador, une nouvelle Terre promise, verte et moussue, pleine d’avenir, paraît-il, puisque personne n’en est revenu.

Dans cette ville qui se vide de ses habitants, où la végétation reprend de plus en plus ses droits au point d’envahir les rues et les immeubles désertés, Simon maintient la vie en allumant coûte que coûte les lampadaires. Il n’est pas seul dans cette tâche : il a pris sous son aile un enfant perdu-retrouvé, un petit garçon dont on ne connaît pas l’âge précis, muet et apeuré, qui va petit à petit devenir son apprenti. Simon d’un coup comprend qu’il lui est précieux et urgent de transmettre ce qu’il a de plus cher : le goût du travail bien fait, le goût des autres, le goût d’être ensemble et de prendre soin de là où l’on vit.

Il y a quelque chose de très beau, de poignant à suivre ce couple improvisé, à voir cet homme devenir père et cet enfant s’épanouir alors que tout s’écroule autour d’eux. C’est bien sûr le décalage entre leur passion à transmettre, à apprendre l’un de l’autre et la déliquescence de leur environnement qui est saisissant et qui nous renvoie à notre présent le plus brûlant : quelles valeurs transmettre aux jeunes générations dans un monde qui brûle ? Comment prendre soin d’un monde abîmé ?

La rencontre avec Marie-Jeanne Urech a eu lieu à l’Usine de Pierre-de-Plan, un lieu d’où a été orchestré l’éclairage public de Lausanne et qui entre en résonance avec le projet fou de Simon, avec son désir de maintenir la vie, d’apporter la lumière jusqu’au bout, malgré tout.

 

                                                              Lisbeth Koutchoumoff

© Jean Marc de Samie

© Jean Marc de Samie

© Jean Marc de Samie

© Jean Marc de Samie

Un grand merci à Jean Marc de Samie pour l’autorisation de publier sur notre site ses magnifiques photos.